Toute taille mal conduite est un acte traumatisant pour l'arbre, une brèche dans son integrité, la porte ouverte aux maladies et un affaiblissement de son système de défense.
L'arbre ne cicatrise jamais, mais sait se défendre en produisant des barrières chimiques autour des plaies, pourvu que celles-ci ne soient pas trop grandes.
" Les arbres sont de grands sages...bien ancrés dans le sol, ils sont à l'écoute de la terre, mais cela ne les empêche pas d'avoir la tête dans les nuages et d'écouter les histoires du vent...et toujours vouloir aller plus haut, vers la lumière."
Michel Tournier
Toutes les espèces ne sont pas identiquement armées.
Si vous décapitez un palmier, vous le condamnez. Tout simplement parce qu'il est incapable de former un axe de remplacement.
Si un pin parasol mature est mitraillé par une forte grêle d'automne et que certaines parties de son houppier rougissent, pensez vous qu'il reverdir au printemps suivant ? Hélas non , comme beaucoup d'autres pin ( pin noir, pin d'alep, pin maritime...), les rameaux meurtris ne sont pas remplacés et le houppier sera définitivement amputé, au même titre qu'une taille trop sévére .
Les résineux ne possédent pas de bourgeons en attente et ne peuvent pas en former en cas de stress ce qui est un réel handicap.
" Un arbre qui s'abat fait beaucoup de bruit. Une forêt qui germe, on ne l'entend pas. "
Gandhi
A partir des années 1970, Alex Shigo a développé le modèle du Codit (Compartimentalization of decay in trees, Compartimentation de la pourriture dans les arbres) qui décrit en détail les réactions internes des arbres attaqués par des champignons.
Le moyen de défense de l'arbre pour lutter contre les infections s'appelle "compartimentation". Dans la zone adjacente à la blessure, les cellules se transforment pour former des barrières s'opposant à la progression de la pourriture. Le Dr Alex Shigo distingue quatre types de barrières. Les trois premières se mettent en place immédiatement après la blessure. La quatrième barrière est créée par le nouveau cerne de croissance, celui qui se développe après la blessure.
Suite à une blessure, l'arbre ne va pas seulement compartimenter, il va aussi chercher à refermer la plaie en la recouvrant d'une nouvelle écorce... L'art de l'élagueur est de faire en sorte que les blessures qu'il provoque guérissent le plus vite possible (s'appuyant sur sa connaissance des mécanismes de compartimentation et de cicatrisation).
Il existe ainsi un principe de taille très simple, qui consiste à couper la branche sans en laisser un morceau au delà de la frontière ride-col et de ne pas couper trop court, au ras du tronc.
" Un arbre ne peut pas prendre de la hauteur si les racines font défaut."
Mazouz Hacène